Vol. 1
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LAbbé Galliani
<Galliani racconta, NdR>:
"Dans mon jeune âge, on mappelloit le petit Ferdinand. Un évêque, ami de mon père, lui dit: je ferais volontier un tour de promenade avec mon petit Ferdinand. Mon père, enchanté de lhonneur que me vouloit faire le saint prélat, me dit dun ton pénétré: va, mon enfant, suis ce digne pasteur, il te guidera dans le sentier de la vertu. Jobéis; et MONSEIGNEUR, après un préambule très-flatteur, me déclara quil avoit conçu pour moi la passion la plus vive. Ses gestes ajoutoient à lénergie de son discours. Javois alors dix-sept ans, âge bien scabreux lorsque la nature nous a doué dune figure aimable. Mais à cet âge même jétois très-laid, et ne pouvois concevoir la possibilité de cette ardeur si vive. Monseigneur, répondis-je bien doucement, la passion de votre grandeur me paroît franchir les bornes du possible. Mon amour-propre en seroit dautant plus flatté, que cela donneroit un démenti formel aux glaces sur lesquelles jose à peine jetter les yeux. Qui donc en moi a pu la faire naître? - Je vais te le dire, mon cher petit Ferdinand. Ce nest pas la beauté corporelle qui mattache à toi. Cest le tour //
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de ton esprit, sa vivacité, son brillant; ces son les connoissances que tu as su acquérir dans un âge si voisin de lenfance. Tels sont, mon ami, les attraits qui mont séduit...".
Ainsi, dit en riant le mourant Galliani, la lecture des OEuvres de Virgile, dHomère, de Démosthènes, dHorace, de Ciceron, etc. me valut lhonneur dêtre... aimé par un évêque. Digne récompense de tant dassiduité! O destinée!!!
Vol. 2,
[Gorani raccolse queste impressioni prima nel 1779-1780, poi le aggiornò in vista della pubblicazione, facendo un nuovo viaggio nel 1790]
p. 36
On parvient à la Tiare par plusieurs moyens.
(...)
<da giovane il futuro papa> Braschi avoit un teint de lis et de roses, une figure charmante. La cardinal Ruffo, Napolitain, amateur des belles proportions dans les deux sexes, en devint passionnémment amoureux et le logea dans son palais; il fit la dépense de le faire entrer dans la prélature, lui fit donner en sus un canonicat dans léglise de Saint-Pierre, et lui laissa en mourant une pension. Puis Braschi devint lamant de la maitresse du cardinal Rezzonico, neveu du pape; ce fut elle qui lui fit avoir la charge de grand trésorier... eccetera.
p. 211
Le cardinal Buoncompagno
Il aime les femmes, et même avec excès.
(...)
Sa manie de ne choisir pour ses valets que des très-beaux hommes la fait supçonner dun goût anti-physique.
p. 229
Le cardinal Borromée
Ses goûts anti-physiques étoient connus; mais on ignoroit quils fussent assez violens pour lemporter sur lavarice. Cependent la passion quil conçut pur lun de ses domestiques, fils dun charpentier, le porta à prendre soin de ce moderne Antinoüs; il le fit élever à ses frais, et le porta jusquaux honneurs de la prélature. Rome entière en causa, et lon célébra le triomphe que la luxure venoit de remporter sur lavarice dune manière digne du coryphée.
p. 277
Le Prélat Ruffo
(...)
Ruffo est Napolitain et neveu du cardinal de ce nom qui fut le premier instrument de la fortune de Pie VI. Quoique le jeune Ange Braschi eût payé par des complaisances ultramontaines la protection dont cette éminence lavoit honoré, il faut dire à sa louange quil conserva toujours de la reconnoissance pour celui qui lui avait frayé la route du trône. Dès quil fut élu pape, il combla de bienfaits le plus proche parent de //
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son protecteur, et lui donna la place très-lucrative de grand trésorier.
p. 298
La Surprise
On sait quà Rome, berceau de la religion chrétienne, les théâtres sont fréquentés même par les religieux de tous le ordres. On nignore pas davantage que les spectacles les plus châtiés sont entre mêlés de danses lubriques, et que les gestes les plus expressifs sont ceux qui reçoivent le plus //
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dapplaudissemens. Comme le gouvernement théocratique a voulu se distinguer des séculiers par une apparence de modestie, lusage si justement abrogé dans les cours de lEurope, de faire représenter les rôles de femmes par de jeunes garçons, sy est conservé. Il est même devenu loi; et cette loi est dautant mieux observée, que les Romains préfèrent les jouvençaux aux actrices les plus consommées dans lart démouvoir les passions. Jai été témoin des transports délirans auxquels se sont laissé emporter de graves prélats et des cardinaux dont lapparente rigidité mavoit frappé, lorsque ces objets paroissent sur la scène. Jai entendu là, comme à Paris, et plus impudemment encore, répéter toutes les histoire et les anecdotes scandaleuses de ces histrions; et jai su, dans lespace de quelques heures, les noms de leurs amans préférés, de ceux qui aspiroient à leurs faveurs, et enfin de ceux qui les payoient pour satisfaire leur goût et leur vanité. Ce penchant connu et avoué est presque général. On le nomme le péché noble, le péché gentil; et si lon sen defend, cest si foiblement, avec une indolence si marquée, quil paroît//
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que lon seroit bien fâché dêtre pris au mot. Ces modernes Antinoüs, semblables à nos héroïnes de coulisse, causent la ruine de beaucoup de personnes, et lon peut croire quils ne sont pas plus scrupuleux sur larticle de linterêt. Ces événemens, aussi connus à Rome quils sont communs, servent de réfutation à largument de Lucien, qui prétendoit justifier la préférence des Grec pour cet amour, sur ce que ces adolescens navoient point encore acquis assez de ruse pour sapproprier les biens de leurs amans et les en dépouiller, comme font les femmes dont lempire est plus dangereux.
Lorsqun étranger est parvenu à sattirer la confiance des Romains, ils ne se contraignent plus en sa présence, et parlent de cette sorte dintrigue avec autant de chaleur, autant dintérêt et aussi peu de réserve quon le fait en France pour les filles de spectacles. Ils ladmettent à la toilette de ces êtres amphibies; et cest là où lon voit jusqoù est porté chez eux la corruption des moeurs.
Jai été du petit nombre des initiés; le secret de la toilette de ces idoles ma été //
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dévoilé: mais ce qui me causa una surprise très-voisine de létonnement, ce fut de voir une dame soccuper sérieusement de la toilette dun jeune castrat quelle idolâtroit. Cétoit le second chanteur du théâtre de la Valle. Quoiquelle le chérît à litalienne, et cest tout dire, elle ne lempêchoit pas de recevoir les hommages dune foule dadorateurs qui lentouroient. Ce musico devoit jouer un rôle de femme; et il sembloit en effet que la nature, en le formant, leût destiné à cet emploi. Sa beauté, ses graces, le son de sa voix, tout aidoit au prestige. Assis devant una superbe toilette, il minaudoit, sourioit, et laissoit de temps en temps échapper quelques sons gracieux qui étoient aussi-tôt recueillis par ses amans. Tous, et parmi ces gens-là, jai vu des prélats du meilleur ton, et qui jouissoient dans le monde dune considération qui contrastoit furieusement avec leur occupation actuelle, tous sefforçoient par des soins empressés de sattirer un coup-doeil. Attentifs aux besoins de lidole, lun lui présentoit une fleur, lautre un diamant; dautres quelques parties de lajustement convenable au sexe quil alloit représenter. Parmi ces adora-//
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teurs etoient deux hommes de quarante ans, et ce nétoit pas eux qui offroient les moindres présens; car il faut savoir que cette parure brillante ne coûtoit rien ni à la maitresse de la maison, ni au jeune Antinou"s.
Jétois là, je regardois, jécoutois, jentendois, et je me croyois encore plongé dans un de ces rêves quenfante une imagination déréglée. Les services que tous ces imbécilles mitrés sefforçoient de rendre à ce Ganimède étoient accompagnés de marques extérieures de respect semblables à celles des valets déglise lorsquils habillent un prélat. Chacun cherchoit à surpasser ses rivaux, à mériter, à surprendere un regard; et ceux qui lavoient obtenu en devenoient plus fiers.
Quant au jeune homme, la coquette la plus maniérée nauroit pu se conduire avec plus dadresse.
Enfin je sortis et fis part de mon étonnement à deux de mes amis établis à Rome depuis long-temps. Ils en rirent, et massurèrent que cet usage étoit commun, et que les castrats partagent les adorations des amateurs avec les autres jeunes gens que //
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la figure et les talens font admettre dans les théâtres, quoiquils naient pas subi lopération du Conservatoire.
Lorsquaprès avoir assisté à qualquune de ces toilettes on retrouve dans la société ces mêmes hommes, et quon les entend sévir contre les vices du siècle, contre les philosophes qui éclairent les peuples; lorsquon les voit prosternés au pied des autels sacquitter avec recueillement de toutes les fonctions du ministère sacré; lorsquon réfléchit quils sarrogent le droit de représenter la Divinité, lindignation saisit, et lon voudroit avoir à ses ordres les cent bouches de la Renommée pour détromper lunivers quils souillent par leurs vices, et sur-tout par leur hypocrisie.
Lorsque Voltaire a parlé des débordemens de Rome moderne, il ignoroit jusqoù ils sétendent, parce quil est donné à peu de personnes de pouvoir sen instruire par elles mêmes; et que celles qui ont pu acquérir ces coinnoissances ont cru ne devoir pas déchirer entiérement le voile qui les couvre.
Je naurois pas été tenté de le soulever, si lintérêt de ma nouvelle patrie ne men //
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imposoit la loi.